Par Katrine Delorme
Je ne me considère pas féministe en ce sens que je suis en apprentissage de ce que cela représente pour moi. Je remets en question mes apprentissages, mes automatismes, mes préjugés. Il y a certaines réflexions pour lesquelles je ne suis pas prête et d’autres qui commencent de plus en plus à « m’achaler ». Je suis fière de commencer à me questionner, car je sais qu’au bout du chemin j’aurai de nouveaux outils à transmettre à mes enfants. Je suis présentement en train d’écrire dans le silence de ma maison, le son de la pluie embrasse mes oreilles et je souris. Je souris parce que ça me fais un bien fou de taper sur mon clavier et d’écrire ces lignes. Pas qu’elles demandaient à ce point de sortir de mon ventre, mais parce qu’elles me démontrent que je suis encore capable d’écrire et que ça me passionne toujours autant. Surtout, en ce moment, je souris car j’allais terminé ma précédente idée avec les mots « ma fille ». « J’aurai de nouveaux outils à transmettre à ma fille ». Je me suis arrêtée et j’ai finalement choisis de terminer ma phrase par « mes enfants ». Parce que j’ai une fille et un fils. Je devrai donc apprendre à ma fille que des menstruation ce n’est pas dégueulasse, qu’elle n’a pas à cacher son tampon dans la poche arrière de son jean, qu’elle n’a pas à avoir honte de dire qu’elle est menstruée, parce que c’est la nature, c’est la vie, c’est la preuve que son corps est en santé. Parce que j’ai un fils à qui je devrai apprendre qu’il peut coucher avec sa blonde (si blonde il a) plus tard même si elle est menstruée, qu’il ne doit jamais diminuer une femme en lui disant « es-tu spm », que les hormones c’est une vrai affaire, pis qu’une femme c’est beau avec ou sans poils. Je devrai aussi lui dire que les émotions qu’il ressent sont toutes aussi légitimes que celles de sa soeur, qu’il n’est pas obliger d’avoir des gros pectoraux pour être beau, que sa masculinité ne se résume pas à la grosseur de son pénis, et tout le reste.
C’est beaucoup d’affaires toute ça et ce ne sera pas facile, parce que si je suis honnête avec moi-même, il y a de ces idées préconçues qui m’habitent encore et que je devrai déconstruire avant de pouvoir leur transmettre adéquatement ces apprentissages-là. Pis j’y arriverai peut-être pas au complet. Mais je vais faire de mon mieux. Pas juste parce que je veux être une « bonne » mère, mais parce que je veux être une meilleure femme, pour moi. Parce que parfois je me sens épuisée et que j’aurais la possibilité, en changeant mes pensées, que cela soit autrement. Pis j’ai l’impression que ça me ferait du bien. Que ça nous ferait toutes vraiment du bien.