Une petite histoire

Par Katrine Delorme

Voici une petite histoire qui n’a pas de fin, qui n’est pas si bonne que ça, mais qui a été écrite avec douceur.

La petite histoire d’une jeune fille qui s’est fait voler

Elle s’est fait volée. Pas dans sa maison ni dans son char. Inquiète-toi pas. Il a rien volé qui se voit avec les yeux. Ça se voit peut-être avec le coeur. Ça dépend t’as le coeur de qui. Non, inquiète toi pas, ça ne va rien coûter à faire remplacer. Ça se remplace pas, c’pour ça. C’était quelque chose d’important. Quelque chose de beau. C’était la plus belle chose qu’elle avait.

Et elle se l’ai fait voler.

Il l’a pris. Juste comme ça, sans réfléchir.

« Elle se sent comment tu penses? »

Je sais pas.

Pis lui non plus.

Il le sait pas, parce qu’il n’y a pas pensé. Parce qu’il n’en a rien à foutre.

« Est-ce qu’elle l’a dit à quelqu’un? »

Elle ne voulait pas en parler.

« Pourquoi? »

Elle ne voulait pas se faire chicaner.

Elle se disait qu’elle aurait dû être plus attentive aux signes. Tsé les fameux signes.

Elle se disait qu’elle aurait dû être capable de se défendre. Mais elle n’était pas assez forte pour ça.

Pauvre petite. Elle n’avait vu que 10 Noëls.

Toi aussi tu trouves que c’pas beaucoup 10 Noëls, hen? T’as raison. C’est une couple de barbies, une cuisinette pis un vélo sans les roues en arrière.

Le temps a passé. Parce qu’il passe tout le temps. Même quand on essaye de l’arrêter, il continu de passer sans nous écouter.

Elle a essayé de trouver des moyens pour arrêter d’être fâchée. Contre elle. Contre lui. Contre la vie. Cette chienne de vie.

Elle a commencé à se soûler. Avec du fort. T’sais l’alcool qui brûle dans l’oesophage. Oui, avec c’t’alcool là. Ça l’aidait pendant quelques heures. Des petites heures. Parce que se faire voler ça fait mal en dedans. À des places qu’on visite pas souvent. Les heures ont l’air plus petites dans ce temps-là.

Je vous l’avais dit qu’il n’y avait pas de fin.

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