Apprendre à s’écouter et s’affirmer

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Je suis le genre de fille qui a toujours pris en considération les besoins et souhaits des autres avant de me demander ce que je souhaitais moi, réellement. Même si au fond, ça ne me tentait pas, je disais oui, parce que je savais que c’est ce que souhaitait la personne qui me le demandait. Dire oui pour ne pas décevoir, pour être gentille, pour aider et pour ne pas déplaire en quelque sorte. J’ai souvent fait des pieds et des mains pour les autres alors que je savais pertinemment que je n’aurais pas osé en exiger autant de leur part si la situation avait été inversée. Je me suis souvent inscrite ou investie dans des projets qui ne m’interpellaient pas réellement, parce que c’est ce que souhaitait quelqu’un d’autre. À l’inverse, je suis probablement passée à côté de plusieurs opportunités parce qu’il n’y avait personne pour le faire avec moi, pour me dire que j’étais capable et que je devais foncer.

À un certain moment de ma vie, j’ai dû faire une prise de conscience. Je continuais de ne pas vouloir déplaire, d’agir en fonction de l’opinion des autres alors que je n’étais même pas capable de faire des choses pour moi-même, pour mon bien-être et ma propre santé qui se détériorait. Je ne dis pas que j’ai cessé de me préoccuper d’autrui du jour au lendemain…j’ai toujours trouvé important de penser et de prendre soin des autres, surtout dans une société où c’est l’individualisme qui domine. Sauf que, je me suis rendu compte que j’avais perdu le contact avec moi-même et que je ne savais même plus comment me fier à ma propre intuition.

Apprendre à s’écouter avant tout, à écouter notre cœur, notre tête et nos besoins, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Malgré mon travail sur moi-même des dernières années, j’ai encore du chemin à faire. Dire non, c’est encore souffrant. Ça fait encore monter en moi une bonne dose de culpabilité et de remords, peu importe de quoi il s’agit. Je suis toujours en train de me justifier, alors que je ne devrais même pas. Je suis toujours en train d’essayer de ne pas nuire, d’éviter les conflits, de me demander ce que je devrais répondre pour que l’autre soit satisfait. Sauf que, j’ai tranquillement appris à lâcher-prise. De jour en jour, j’ai commencé à mettre mes limites. Ce n’est pas sans inconfort et les gens sont parfois vexés; ils ne sont pas habitués à ce que quelqu’un comme moi mette ses limites. Mais j’ai compris que c’était normal et que mon sentiment de culpabilité était temporaire. Plus je m’exerce et plus je réussis à calmer l’angoisse. Plus je réapprends à m’écouter et à considérer mes propres besoins.

Les choses sont bien faites parfois. Récemment, j’ai vécu deux situations qui m’ont donné une belle leçon de vie. Dans le premier cas, j’étais invitée à un souper avec des connaissances, des gens avec qui je n’étais pas particulièrement proche. La journée même, on m’a demandé si j’aimais les fruits de mer. Pour vrai, je mange de tout, mais les fruits de mer, c’est l’exception à la règle, je suis incapable. J’ai quand même dit « oui », pour éviter que le menu soit refait en fonction de moi, la journée même de l’événement. Eh bien, savez-vous quoi? J’ai été la seule à recevoir une assiette de fruits de mer parce que les autres avaient osé dire qu’ils n’en mangeaient pas (moi qui pensais avoir été la seule à être contactée!). Vous allez sans doute trouver que mon exemple est banal et vous avez raison, sauf que c’est exactement de ça que j’avais besoin. Une petite leçon pour me rappeler que de répondre en fonction de l’opinion des autres et de vivre ma vie au travers leurs yeux, ça fait de moi la seule et unique perdante de l’histoire, que ce soit à petite ou à grande échelle.

J’ai et j’aurai toujours du mal à dire non et à exprimer ma propre opinion, mais plus je le fais, mieux je me sens quotidiennement et moins l’anxiété fait partie de ma vie. Après tout, apprendre à s’écouter, c’est apprendre à être heureux.

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