Par Elisabeth Chevrier
Je viens d’une petite famille. À Noël comme au jour de l’An, on est six parfois huit. Je n’ai jamais connu les grandes fêtes de famille, les partys qui ne finissent plus et les mariages à 150 personnes. Enfant, j’enviais mes amis qui partaient en camping avec leurs cousins et leurs cousines ou ceux qui s’envolaient vers un pays du Sud avec leurs grands-parents.
Moi, je ne connaissais pas ça et j’avais l’impression qu’ils avaient quelque chose que je n’avais pas. Je n’ai jamais rencontré mes grands-parents. Je suis née avec une seule grand-maman, mais celle-ci habitait loin de moi alors je ne la voyais que rarement. Je voyais mes amis partir les dimanches chez mamie et papi pendant que moi je rêvais d’une paparmane et d’histoires qui ne finissaient plus. Quand j’ai rencontré mon chum, j’ai connu un peu ça; la relation entre différentes générations. Le soin, le souci et les merveilleux conseils que des grands-parents peuvent apporter. J’ai alors souhaité ça pour mes cocos. Je voulais qu’ils aient ce que j’avais tellement espéré et probablement idéalisé. Je voulais que mes bébés aient la chance de connaître leurs grands-parents et qu’ils entretiennent une relation spéciale avec eux. Ayant accouché à l’autre bout de la planète en pleine pandémie mondiale, mes chéris n’ont pas pu s’endormir dans les bras de leur mamie et être bercés par leur papi. Ma maman n’a pas vu leur premier sourire et la mère de mon chum n’a pas pu leur chanter leur première berceuse. J’avais beau les appeler tous les jours, j’avais peur que cette distance affecte leur relation. Je voulais tellement qu’ils fassent partie de leur vie.
Finalement, la vague s’est estompée et ma maman a pris l’avion pour venir rencontrer ses premiers petits enfants 5 mois après leur naissance. Depuis, mes jumeaux n’ont de yeux que pour elle. Ils la regardent, lui sourient et communiquent avec elle. Elle les embrasse, les cajole et je vois dans ses yeux qu’elle les aime d’un amour inconditionnel. Elle les aime comme une grand-maman, comme la grand-maman que je rêvais d’avoir lorsque j’étais petite. Cette grand-maman qui est fière, qui voit l’avenir sous un autre œil grâce à ces petits. Qui arrive à oublier ce qui ne va pas parce qu’à eux seuls, ils représentent l’espoir.
Je vois aussi l’amour de ma mère lorsqu’elle me regarde. Cette fierté que j’ai toujours recherchée. Je sais que je lui ai offert un beau cadeau; celui d’être une mamie. Mais en fait, c’est elle qui nous a fait le plus beau cadeau du monde; vouloir faire partie de notre nouvelle histoire à mon chum et à moi. Vouloir être présente, importante et significative dans la vie de mes bébés. Même si nous ne sommes pas 10, 20 ou même 30 personnes lors des fêtes de famille, je prends enfin conscience que l’important c’est la force des relations qui prend tout son sens et non le nombre de personnes qui sont présentes. Que ce soit une grand-maman, une tante ou un papi, ce qui compte c’est le lien. Le lien que cette personne souhaite entretenir avec nous. J’ai rêvé d’une grand-maman, mais je l’avais déjà cette personne spéciale, elle était toujours là, devant moi. En fait, c’était ma maman à moi.