Écrire. Depuis que je suis toute petite, j’écris. Dans des journaux intimes, sur des bouts de papiers, des petits carnets. J’inventais des magazines, des fictions, des histoires. Puis au début de mon adolescence est arrivé Skyblog. Je suis certaine que vous vous en souvenez si vous êtes de ma génération. J’ai tenu un blogue sur la mode pendant plusieurs années qui est finalement devenu super populaire en France. Puis un autre plus petit mais plus personnel. Chaque jour, j’écrivais. Beaucoup. Je crois que c’est de cette façon que je me suis toujours le mieux exprimée. C’est un peu encore comme ça, je pense. Écrire me permet extérioriser mes peurs, mes inquiétudes, mes angoisses. Ou de ne pas oublier certains détails qui deviennent flous avec les années. Nos peurs, elles semblent toujours moins impressionnantes sur papier (ou à l’écran). Pis de cette façon, je peux faire de la place dans ma tête ou du moins, de l’ordre, un peu. Voir les choses sous un angle différent, souvent beaucoup moins impressionnant et insurmontable.
Et pourtant, ça fait longtemps que je n’ai pas écris nulle part. Depuis plusieurs mois, je ne trouve pas les mots. Je les roule sans cesse dans ma tête mais ça ne fait pas de sens. Rien de cohérent au bout de la ligne. Je ne sais pas dans quel ordre m’y prendre, par quoi commencer. C’est plus facile de lire dans ce temps-là, de m’évader au travers une fiction ou une vision qui n’est pas la mienne. Mon seul moyen de mettre de côté le temps d’un court instant tout ce qui s’entrecroise dans ma tête à moi.
J’ai une boule au creux de l’estomac que je n’arrive pas à défaire, je ne sais pas quelles sont mes craintes, qu’est-ce qui est causé par quoi en fait. Je voudrais aussi écrire le récit de ma dernière grossesse et de mon accouchement dans le livre de ma fille. J’ai l’impression d’avoir déjà oublié tellement de détails. Maintenant que j’en connais le dénouement heureux, je n’arrive plus à me rappeler avec précision toute la douleur émotionnelle que j’ai pu ressentir. Mais c’est surement voulu. Le corps n’aime pas se souvenir de la souffrance et du laid. C’est comme chaque fois qu’on a la grippe; on se dit que plus jamais on chialera lorsqu’on sera en santé. Puis, on oublie. On oublie la chance qu’on a de tout simplement passer une journée sans avoir mal. De pouvoir nous tenir debout, de fonctionner « normalement ».
Je sais que tout ça, mon blocage, l’accumulation d’une année riche en émotions, ça va passer. L’envie d’écrire à propos de tout va me revenir naturellement. Je l’espère. En attendant, je vis dans le présent et j’essaie que ma tête en fasse de même. De ne pas la laisser s’évader dans la crainte et l’appréhension trop souvent. Je prend le beau partout où il est. Du mieux que je le peux. Pis la plupart du temps, ça fonctionne.