Par Elisabeth Chevrier
Je l’avoue, il y a quelques années, j’étais de ceux qui jugeait les gens qui entretenaient des relations virtuelles. Je me disais que ces relations n’égalaient pas une «vraie» complicité. Que de parler, se confier et échanger des secrets avec une personne derrière un écran, ce n’était pas comparable à une accolade, une main sur une épaule ou a un regard droit dans les yeux. Que ces personnes perdaient leur temps, qu’ils ne vivaient pas dans le «vrai» monde.
Et puis, je me suis mise à déménager…souvent..et de plus en plus loin. Je devais alors utiliser un écran pour rester en contact avec mes amis et ma famille. Je devais partager ma vie avec eux d’une autre manière. Alors, je me suis habitué à ce nouveau mode de relation. À distance. Moins fréquent, mais quand même là. J’ai commencé à rencontrer des personnes sur «les internets». Ces personnes étaient dans ma vie sans jamais vraiment l’être. Mais juste un peu…pas trop. Je ne voulais pas m’investir dans une relation qui n’allait pas menée à des matins autour d’un café et des crêpes chez Ben & Florentines ou d’une coupe de vin dans mon salon.
Et là, la pandémie nous a tous frappés. Nous avons tous été obligés de nous tourner vers nos portables et nos cellulaires pour se consoler de ne plus toucher à personne, de ne plus nous rassembler avec ceux que nous aimons. Des communautés se sont créées, des liens se sont développé tout ça de manière virtuelle. Si on avait de la peine, des questionnements, et même si on avait besoin d’encouragements, on devait se tourner vers ces personnes loin de nous. En cette période où l’on avait le plus besoin de nos proches, on se retrouvait tous seul. Mais pas si seul que ça finalement.
Parce qu’il y avait eux.
Eux qui étaient dans la même situation que nous.
Eux qui étaient là à toute heure de la journée.
Eux qui étaient si nombreux.
Eux. Ceux qui m’ont donné des conseils, m’ont soutenu dans des moments de grandes vulnérabilités. Qui m’ont aussi motivé, encouragé et stimulé à être la meilleure version de moi-même, même entre mes quatre murs. Ce sont ces personnes qui ont fait que je ne me suis pas sentie seule au milieu de l’Europe loin de tout ce que je connaissais dans un climat de peur et d’inconnu. Des relations qui ont pris du temps à se construire, mais qui sont maintenant importantes, auxquelles j’ai laissé de la place dans ma vie. Des liens qui ne s’expliquent pas, mais qui sont là.
Des personnes que je ne verrai probablement jamais, mais qui connaissent des parties de ma vie très intimes que je ne dis même pas à mon chum ou même à ma mère.
Qu’elles soient seulement de passage ou qu’elles restent pour la vie, ces personnes n’ont pas moins de valeur que d’autres. C’est différent, mais c’est beau. Ça peut nous faire grandir, évoluer, changer. Parce que quand je vis quelque chose et que j’ai besoin de soutiens, je peux simplement chercher une communauté sur les réseaux sociaux et je trouve des milliers de personnes qui vivent la même chose que moi. Et ensuite, c’est possible de connecter avec une ou plusieurs personnes de ce groupe. Et là, c’est là que tout se passe. Tu connectes…tu échanges et voilà. Cette personne entre dans ta vie.