Par Elisabeth Chevrier
On entend de plus en plus l’expression «bébé pandémie».
Les enfants qui sont nés au coeur de la pandémie… qui naissent encore aujourd’hui au coeur de la pandémie.
Ceux qui ont rencontré leur maman à moitié couverte d’un masque bleu.
Ceux qui n’ont peut-être pas vu leur papa quand ils sont venus au monde.
Ceux qui sont arrivés dans un climat de peur et de stress constant.
Ces bébés qui ne connaissent que ça.
Qui auront vu des gens cachés sous un masque pour plus de la moitié de leur vie.
Qui n’auront pas été pris par plus de trois ou quatre personnes depuis leur naissance.
Ces mini humains qui n’auront pas interagi avec d’autres petits enfants ou qui n’auront pas observé papa et maman avec des personnes différentes.
Ils ne connaissent ni les foules, ni la musique de Noël qui envahit les centres d’achat durant la période des Fêtes ou même les salles de cinéma quasi silencieuses.
Ils se font toucher du bout des doigts ou ils devinent un sourire dans les yeux des passants.
Ils se font chatouiller par des personnes qui portent des gants de plastique ou ils ne se font simplement pas chatouiller…
Leurs grands-parents les saluent par la fenêtre ou sur un écran d’ordinateur.
Ces bébés connaissent les cellulaires, parce que maman et papa prennent plein de photo pour partager leur bonheur avec leurs proches et les aider à développer un lien avec eux.
Parce que parler avec quelqu’un sur un écran c’est leur réalité, leur normalité.
Leurs parents ne connaissent pas les «shower de bébé», les premières fêtes d’anniversaire et les joies d’une gardienne pour aller profiter de quelques heures en amoureux.
Ils vivent le présent, dans leur maison, loin des autres, loin de ceux qu’ils aiment.
«Bébé pandémie»…ou plutôt «famille pandémie» parce que c’est tout le monde qui l’a vie cette situation plus que difficile.
Les projets et les attentes face au congé parental changent, les rêves s’estompent pour laisser la place à quelque chose de différent. Qui peut paraître moins le fun au début, mais qui finalement comble pleinement. Parce que peu importe ce qui se passe dans le monde, mon «bébé pandémie», lui, il a besoin de moi. Il a besoin de maman et de papa qui l’aiment et qui lui répètent le plus souvent possible.
Mon «bébé pandémie» a besoin que je lui donne le meilleur de moi donc je vais me concentrer sur lui et faire mon possible pour qu’il grandisse dans un monde en santé.