Ma prise de conscience d’après césarienne

Par anonyme

Quand je pensais à mon accouchement pendant ma grossesse, j’étais plutôt optimiste et positive. Je n’avais pas peur de vivre une césarienne si c’était nécessaire, mais je ne pensais pas que j’éprouverais ce sentiment de manque ou de vide après. Quand on pense à une césarienne, on pense tout de suite au physique et à la cicatrice sur le ventre, mais on oublie les cicatrices laissées dans la tête et dans le cœur. Pour ma part, je n’ai pas de problème à accepter la marque sur mon corps, mais plutôt les sentiments qui m’habitent. J’ai l’impression d’avoir vécu une grossesse et d’être devenue maman du jour au lendemain sans être passée par la case accouchement ; je n’ai absolument pas le sentiment d’avoir accouché. Tout le monde me dit que j’ai bel et bien accouché, car mon bébé est là aujourd’hui et j’en suis bien consciente, mais c’est plus que ça. J’ai l’impression de ne pas avoir mérité la naissance de ma fille parce que je n’ai pas travaillé pour la gagner. Bien sûr j’ai vécu les contractions, mais je ne connais pas le sentiment que l’on peut éprouver lorsque le bébé se pointe enfin le bout du nez après tant d’efforts et de souffrance. Ce n’est pas moi qui l’ai fait sortir de mon ventre ; je n’ai même pas poussé une seule fois. Les médecins ont mis ma fille au monde à ma place.

Je ne l’ai pas vu pleurer lorsqu’elle a pris son souffle pour la première fois. Je ne l’ai pas eue sur moi toute nue et pleine de liquide amniotique. La première fois que je l’ai vu, elle était dans les bras de son père, toute propre et emmitouflée avec le petit bonnet sur la tête. Je n’étais pas devant ses yeux la première fois qu’elle les a ouverts. Je n’ai pas été la première personne à la toucher après le médecin. Elle a été manipulée par je ne sais combien de personnes avant même que je puisse poser mon regard sur elle pour la première fois. Je n’ai pas vu son père couper son cordon. Je ne sais même pas à quoi ressemble vraiment un cordon ombilical.

Ne pas avoir vécu ces petits moments a probablement fait en sorte que, les premiers jours, j’ai eu de la difficulté avec le lien qui nous unissait toutes les deux. Je n’avais pas le sentiment que c’était MON bébé, mais plutôt UN bébé qu’on m’avait mis dans les bras tout simplement. Probablement que c’est aussi pour cette raison que j’ai eu du mal psychologiquement avec l’allaitement. Je devais nourrir un bébé auquel je n’étais pas encore attachée en plus de vivre toutes les difficultés du début de l’allaitement. Lorsque je pensais à l’accouchement, je prenais pour acquis tous ces petits moments et je dois maintenant en faire mon deuil, du moins pour la naissance de mon premier enfant. Je sais que la césarienne était ce qu’il y avait de mieux pour nous deux. Je suis très reconnaissante que l’opération se soit bien déroulée et que mon bébé que j’aime tant soit en parfaite santé, mais j’éprouve tout de même un petit vide dans mon cœur quand je repense à son arrivée parmi nous. Peut-être, je l’espère, pourrai-je vivre les petits moments qui m’ont manquées lors d’un prochain accouchement, qui sait…?

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