Par Elisabeth Chevrier
Je sais que ce n’est pas le genre de chose que l’on veut lire pour nous motiver… pour mettre de la joie dans notre journée…
Je sais que ce n’est pas le genre de chose que l’on se dit vraiment entre nous.
Et je n’ai pas envie de le dire non plus. Mais hier, je me disais que ça l’aurait fait moins mal si j’avais lu que quelqu’un vivait la même chose que moi. Je me serais sentie moins coupable. Et je n’aurais pas besoin d’écrire ces lignes.
Cette longue justification est en fait un moyen d’éviter le sujet.
Parce que je ne sais pas trop comment l’aborder.
Je vais alors le faire d’un coup.
Comme lorsqu’on enlève une bande de cire ou un pansement.
On ferme les yeux et puis on tire. Et tout vient avec…
Peut-être que mon sentiment de culpabilité partira avec ce texte?
Qu’après avoir tiré sur le pansement, les bobos seront guéris…
Bon voilà, je me lance.
J’ai envie d’être un peu égoïste… et de ne pas m’en sentir coupable. Juste de penser à moi et d’oublier tout le reste. De me lever et d’avoir juste moi à satisfaire, d’avoir juste mes besoins et mon bonheur à combler. D’oublier le reste de la planète, mon chum, mes enfants, ma famille et tout ce qui vient avec.
J’ai envie de regarder mon nombril et de me dire que c’est la seule chose importante. Juste de préparer un repas sans me préoccuper de tout récupérer les restes pour d’éviter le gaspillage alimentaire et contribuer à une planète plus verte… Juste d’acheter plein de trucs inutiles dans un magasin grande surface sans réfléchir à la souffrance des enfants qui sont derrière ces articles… Juste de sortir faire mon jogging à n’importe quel moment de la journée, parce que j’ai juste moi à penser… tout le temps.
Manger tout ce que je veux, quand je le veux sans me préoccuper de ma santé ou celle des autres. Juste vivre dans ma bulle, l’espace d’un… ou de quelques moments. Ce besoin d’être seule sur une île déserte à me faire griller au soleil en écoutant le chant des oiseaux est probablement totalement légitime. Parce que depuis quelques mois, de nouveaux mini êtres humains dépendent de moi jour et nuit. Que ma petite personne à été mise de côté un tout petit peu. Que ce nombril que je regardais à longueur de journée depuis pratiquement 32 ans devait prendre le bord pour quelques temps. Par contre, je me sens mal d’envier les moments de solitude des autres. De rêver à une journée au spa qui ne se terminerait jamais. D’ignorer tous les problèmes dans le monde et me concentrer sur les miens seulement…comme s’il n’y avait que ça.
Je ne sais pas si c’est correct de se sentir comme ça. Je ne sais pas si je suis une égoïste en crise ou seulement une femme normale qui se sent un peu débordée par tout ça. Je ne sais pas si c’est de là que vient l’expression Me, Myself and I, mais je feel comme ça.