Par Elisabeth Chevrier
Le temps. Celui qu’on prend pour acquis.
Celui qui nous appartient …ou pas.
Ce temps qu’on apprend à oublier parce que ça va trop vite et qu’on essaie de dépasser.
J’ai toujours couru après le temps. Je n’en avais jamais assez dans une journée. Je voulais faire 30 choses en 24 heures et puis un peu plus.
Pourquoi pas étirer le temps pour en faire plus.
Quand le temps s’est arrêté il y a quelques mois, on s’est tous demandé ce que nous allions faire. Que ça ne pouvait pas durer, que le monde ne survivrait pas à un rythme ralentit. La planète ne pouvait pas se mettre sur pause éternellement. Il fallait que ça bouge et rapidement. Alors à la première occasion nous nous sommes tous remis à avancer. Presque aussi vite qu’avant. On voulait tous reprendre le temps perdu. Le temps qui nous est si précieux. Les heures manquées, on voulait les rattraper. Mais ça n’a pas duré, et le monde s’est remis sur pause une deuxième fois.
C’est là que j’ai commencé à voir le temps différemment. À espérer qu’il ne recommence jamais à être sur le mode avancé. À rêver qu’il ne reparte jamais. Que les heures continuent de s’écouler sans les occuper. Juste regarder mes jumeaux jouer sans faire autre chose. Sans penser à ce que je dois faire dans 15 minutes et juste rester là…pleinement.
Juste faire le souper sans planifier les lunchs du lendemain en regardant les courriels que je n’ai pas regardés dans la journée. Juste prendre plus de 15 minutes assise pour manger… Le genre de chose que je ne voyais pas avant…avant tout ça. Ces choses qui me semblaient normales, mais qui aujourd’hui sont si loin de moi. Il y en a qui souhaitent que tout redevienne comme avant.
Moi, je nous souhaite de continuer à prendre le temps de vivre une journée à la fois, une heure à la fois et même une minute à la fois parce qu’on ne sait pas si le temps va encore nous filer entre les doigts.