Par Katrine Delorme
Il y a tellement de laid qui se passe en ce moment qu’on ne sait plus de quel bord virer nos cœurs. Ils sont pleins. Remplis jusqu’au bord. Prêts à déborder. À tout moment. Ils ont mal, ils ont peur, ils pleurent en silence devant toutes ces tragédies qui partent avec la vie d’autrui. Qui laissent les autres en souffrance, en deuil, en miette. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir qu’ils disent. Quand la vie part, il reste quoi? On fait quoi? On espère quoi? S’en remettre du mieux qu’on peut, comme on peut, avec ce qu’on a, avec ce qu’on est. Et puis y’a le fameux « et si c’était moi » qui s’impose, qui nous laisse un tas de questionnements en suspens. En apesanteur. Auxquels on ne répondra pas, car ça fait trop mal juste de l’imaginer, juste d’y penser.
Que faire avec cette lourdeur, cette impression que la légèreté du monde est disparue malgré l’arrivée tant attendue de l’été. Vous nous direz de perdre cette naïveté qui nous laissait croire qu’elle n’était pas déjà partie loin, cette fameuse légèreté. Bien loin à part ça. Que tout ce laid là est présent depuis tellement longtemps, mais qu’on ne le voyait pas, parce qu’il touchait d’autres personnes plus loin de nous, parce que le jeune âge ne nous permettait pas de le voir si clairement, si durement. Il s’est bien installé au courant des dernières semaines, il brise, il fait mal, mais. Il doit y avoir un mais, sinon on y arrivera pas. On ne passera pas à travers. Et on a pas le choix. De laisser le temps aller et faire ce qu’il a à faire, même si ça déchire le coeur en deux, en quatre, en mille. Même si c’est la dernière chose qu’on voudrait, il ne nous laisse pas le choix. On doit le vivre, ça l’air. On doit l’apprivoiser et le laisser s’inviter tout en lui indiquant la sortie. Parce qu’il ressortira, plus lentement qu’il est entré, mais il ressortira. Quand nous serons prêts, quand nous aurons pleuré tout ce qu’on aura à pleurer, quand on l’aura accepté avec tout ce qu’on a, avec tout ce qu’on est. La vie c’est très très laid des fois. Pis c’est plate de voir ça. Et j’aimerais finir ce texte en vous disant qu’il y a du beau partout, qu’il faut ouvrir les yeux et le voir, l’accueillir et en profiter. J’y crois sincèrement. Mais ce soir, je n’ai pas le goût. Pis c’est correct.