30 ans plus tard

Par Katrine Delorme

D’ici quelques jours, j’aurai 30 ans. Une autre décennie fera désormais partie de ma vie. Soudainement, grâce à ce chiffre, je partirai rejoindre le royaume des grands.

J’ai toujours voulu être grande, je me disais que j’aurais davantage confiance en moi, qu’avoir un enfant dissiperait mes doutes et mes craintes. I wish. Disons doucement que ça en enlève quelques-unes et en fait naître de nouvelles. Et c’est correct. Au fond, si du jour au lendemain tout se dessinait devant nous, si les branches de nos doutes étaient balayées du chemin par ce vent rassurant que l’on recherche malgré nous, serions-nous mieux, apaisés, fortifiés? Je ne connais pas la réponse à cette question, mais j’ai l’impression que certains doutes partagent notre route afin de nous amener plus loin. Et c’est cette capacité à nous dépasser qui nous rend plus confiants. C’est donc dire que parfois le doute est nécessaire. Je ne sais pas. Je ne sais trop.

Certaines réflexions m’habitent parfois sans que je ne sache quel rocher elles frapperont, quels nuages les feront rêver et surtout qu’est-ce qui les ramèneront à la réalité. Parfois, elles restent, parfois elles partent, souvent elles reviennent.

Longtemps la vie a été simple et belle puis un évènement surgit et en cet instant elle nous rappelle qu’elle est fragile et quelquefois un peu laide. N’ayons pas peur des mots, la maladie, le sang et la souffrance c’est laid. On attend que ça passe et on se dit « je ne me laisserai plus avoir par… » Par toutes ces choses que l’on accepte qui nous font mal ou du moins qui ne nous font pas du bien. Mais on le sait tous que ça ne durera pas, on finira par oublier et on recommencera…On recommencera comme avant. Parce qu’il y a de ces choses que l’on préfère ne pas se rappeler. Même si au fond elles étaient là pour nous montrer notre force, notre détermination et l’amour qui nous entoure. C’est simplement plus facile ainsi, vous le savez.

30 ans. Suis-je prête pour le royaume des grands? Vous, l’étiez-vous?

Je ne veux surtout pas arrêter de douter, mais j’aimerais douter moins fort. Avoir moins peur et porter ces lunettes roses qu’on tente parfois de m’enlever, encore plus souvent, encore plus fièrement. On n’a pas 30 ans tous les jours. Je peux donc bien décider quelle paire de lunettes j’ai envie de porter.

Vous aimerez peut-être aussi...