Ma maison

Par Elisabeth Chevrier

Il en a pour qui avoir une maison c’est important. Se créer son petit coin à soi, que l’on met à son goût, que l’on décore, parfume et peinture. Une maison, qu’elle soit grande ou petite, devient un repère; un endroit où l’on peut se réfugier et se sentir confortable. On achète des coussins, on accroche des photos sur les murs et on dispose des chandelles un peu dans chaque pièce. Pour moi, ce concept n’a jamais existé. Je ne me suis jamais sentie chez moi nulle part, mais, pourtant, je me sens bien partout. Je n’ai jamais eu besoin de m’imprégner d’un endroit ni de le rendre à mon image.

Il y a plus de 2 ans, je devenais une expatriée. Je vis alors à l’extérieur du Canada et je parcours le monde depuis. J’ai appris à être bien n’importe où sans jamais vraiment m’accrocher à aucun lieu. Je lisais qu’il est important de se créer un endroit pour soi-même; un cocon qui nous ressemble… J’ai été troublée puisque pour moi, même si je décore une maison, un appartement ou autre, je ne me sens quand même jamais chez moi. Pourtant j’ai essayé… mais j’ai vite compris que je n’en avais plus besoin. Mon chez-moi, c’était maintenant à l’intérieur de moi.

Ma tête est mon refuge. Je me sens confortable avec moi-même. Je n’ai pas ce lieu pour me rappeler plein de souvenirs ou pour m’envelopper quand ça ne va pas. Cet endroit, c’est en moi.

J’ai rapidement appris à me détacher des objets et à leurs accorder moins d’importance.

Je n’ai pas besoin de matériel pour me rappeler, pour me réconforter ou pour me définir.

Toujours être en mouvement m’a amené a être plus libre. Quand je voyage, je n’ai plus besoin de liste pour faire ma valise. Je n’ai plus peur d’oublier «quelque chose». J’ai tout…j’ai moi.

Je n’ai besoin de rien sauf de moi… Moi pleinement présente, là, dans le moment…

Me détacher des choses m’a amené à être plus zen, a me sentir plus légère. Je n’ai plus avec moi ce bagage d’objets, de souvenirs et de besoins souvent inutiles. Je me suis délivrée de cette pression d’obtenir toutes ces choses, ces objets qui nous semblent si importants et auxquels nous sommes attachés. Ils pourraient tous disparaître et je ne regretterais aucun d’entre eux. Je porte en moi la mémoire des moments et des personnes que j’aime. Je porte en moi cette doudou qui m’apaise, ce tableau qui me fait voyager, ce morceau de vêtement dans lequel je me sens confiante. En fait, je suis ma maison, aussi vide qu’elle puisse paraître.

Vous aimerez peut-être aussi...